clapotis te berce doucement, pourtant sommeil refuse à te trouver. ou peut-être que c'est toi qui te caches. t'entêtes à conter dernières pagailles aux oreilles paternelles. ici, prélassée sur ta couchette, à l'abris dans cette cabine qui paraissait si grande à tes yeux de gamine, c'est chez toi que tu te sens. regard furtif au daron, guette sempiternel sourire fier qu'il arbore à ton récit. sourire que vous avez semblable. tel père, telle fille. et tu le prouves à chaque instant. jusque dans tes frasques solitaires. « i swear you should've seen their faces, all cover'd up in octopus ink, 'real masterpiece! » rire part à l'éclat, illumine sloop silencieux de ses échos. la joie est légère. semble immuable en ces instants fugaces.



raclement furtif sur la coque se fait à peine sentir. te coupe dans tes histoires. sens en alerte. cœur s'accélère. something's wrong. « 'felt that too, right? » faux airs inquiets, adrénaline emplit déjà tes veines. t'as trop souvent eu besoin d'action auparavant. à voir monstres dans moindre ombre sous les vagues. à te jeter sur bastingage au moindre bruit peu ordinaire. cette fois tu le sais. tu le sens. ça rôde au-dessous. muscles en automatisme, tu n'écoutes pas, te rends sur le pont instinctivement, ignore voix paternelle qui résonne derrière toi. focus embarqué par les vagues. tu cherches moindre indice, n'importe quoi, qui te mettrait sur piste du gros poisson. « there's somethin' there, 'am not crazy ok. » chuchotis à peine plus fort que la brise. peu importe ce qui vient perturber votre tranquillité, tu ne comptes pas le laisser t'échapper.

mais les secondes passent, suivies par minutes. et toujours rien. frustration fait claquer ta langue. tu ne veux pas y croire. trop entêtée. trop tête brûlée. ne serais une howler si ce n'était pas le cas. doigts s'agrippent à la rambarde, te penches tellement vers les eaux sombres, que tu pourrais passer par-dessus bord d'une vague fourbe et traîtresse. lumière lunaire ne suffit pourtant pas à t'éclairer dans tes élucubrations. soupir résigné, mou boudeuse. tu lances regard blasé à ton père. « don't. i know there was somethin'. » réluctante à l'abandon, tu traînes le pas à reculons. not tonight i guess. t'es prête à retourner te coucher, et à bassiner ton pauvre pater de tes certitudes imaginaires. t'apprêtes à passer pas de cabine lorsque grosse vague heurte bâbord. vague? ou autre chose? perds un instant l'équilibre, te rattrapes à l'encadrement in-extremis. tes yeux s'en vont immédiatement rencontrer ceux de ton capitaine de père. cette fois, il ne pourra pas ignorer. et quand seconde secousse vient vous frapper, plus de doute possible. « told you so!! » voix forte s'écrie alors que tu tournes talons pour faire face à créature inconnue, beaucoup trop enthousiaste pour ce qui vous attend.

@jesse howler
[crédit; vixen (codes) lanie & soraya rose (gifs)]