Liquide ambré danse sous ton regard las. Ouragan miniature emprisonné dans verre fragile. Si facile à briser, à libérer. Reflète l'instabilité de ton âme perturbée. Ça fait cinq ans maintenant. "Get over it." qu'on te conseillerait. "Easy to say." qu'tu cracherais. T'es dans l'œil. Calme inhérent. Éphémère. Pourtant tu ne saurais être détendue. Always on the verge. Émotions pulsent et brûlent sous l'épiderme. Suffirait d'un rien. D'un mot. D'un geste. N'importe quoi. Et le verre se briserait. Et l'ouragan se déchaînerait. Te consumerait toute entière. Te noierait dans les abysses. Ça crève d'envie de sortir, ce que t'as en dedans. Te briser de l'intérieur. T'écraser sous son poids. Alors tu fonces tête baissée dans l'fourmillement incessant du monde. Te laisses submerger par brouhaha continue de taverne mal fréquentée. Et pour une fois, tu sais pas si tu veux la paix, ou la guerre. Cogner sur quelque chose te ferait du bien. Mais t'es pas sûre de pouvoir contrôler la rage explosive qui éclaterait.

Rustre frustré et éméché se charge du choix cornélien pour toi. T'abordes sans délicatesse, tout comme son haleine chargée. « You Howler right? » Paupières s'affaissent sous poids de la stupidité qu'exulte l'incommodant. Here we go again. Soupir lâché, déjà fatiguée de la discussion à venir. Tu les connais ces rageurs. Pauvres victimes d'oncles qui font si peu de manières. C'est jamais ton problème, mais ça le devient aussitôt qu'ils entendent ton affiliation inévitable. A eux la gloire et les honneurs. A toi les pots cassés et autres remontrances alcoolisées. Récurrences s'amoncellent lentement mais sûrement. Habitude témoigne de ta lassitude. Tu pourrais l'ignorer. Mais les cafards dans son genre, ça traîne sans vergogne, jusqu'à ce que quelqu'un se décide à les exterminer pour de bon.

Verre tinte sur bois du comptoir. Te tournes vers l'insecte, sourire vil aux lèvres. « And what 'bout it? » T'as le regard furie. Langue passe sous les dents, carnivore s'apprête à mordre. Fais face de tout ton long. « Tell me sweetheart? What have they done to you? What's your poor little story? So pitiful you have to come to me to complain 'bout it? » Pousses la proie d'un pas après l'autre. L'accules contre chaise qui manque le faire trébucher. « Tell me... why the fuck all little boys like you think that women like me will blow their disgustin' runnin' nose if they come an' require it? » Agacement à son comble. S'il te donne la moindre excuse, t'hésiteras pas. Mais ça manque de motivation en face. Ça s'attendait pas à ton répondant. Ça a surtout vu l'éclat de la lame à ta ceinture, et ta main prête à la dégainer. Carcasse recule encore, résignation gagne du terrain. Tu les connais. Suffit d'aboyer plus fort, et ça se barre la queue entre les jambes. Mais tu cries victoire trop vite. Son regard fixe à l'arrière de toi, et brille alors d'une colère nouvelle. Fais l'erreur de tourner la tête de trop, curiosité piquée, inquiétude d'avoir manqué un acolyte ennemis. Mais c'est tout le contraire. Reconnais immédiatement visage familier et familial. Et à peine tu réalises, que tu sens une lame sur ta carotide - ta lame - et te retrouves otage en prime. Ne réagis même pas. Y a que tes prunelles qui s'en vont refléter celle de l'oncle responsable. Look what you've done. Que ça lit dans tes yeux. Reproches blasés.

Manquait plus que lui...

@salazar howler
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