Cent pas infini. Sol de son bureau se creusant d'un fossé piétiné de murmures. Cloisons séculaires chuchotent leur frayeur de ses décisions intrépides guidée par l'amertume ravalée au haut-le-cœur quotidiennement répulsée. Attend la sonnerie retentissant comme l'introduction d'une simagrée métamorphosée en zèle impossible à contenir. Entame alors une marche rapide dans les couloirs de l’école surchargée. Désir malavisé animé, celle de la rancœur jalousée. Le mort inattendu revenu des flots qui aurait dû le submerger. Avanie ravalée en curiosité morbide d’avidité. La crainte de savoir. De regretter de s'être frotter à un domaine hors d'atteinte par ses mystères intangibles de réalité funeste car trop humaine pour comprendre ses interprétations complexes. Mais l’horreur de l’ignorance surpasse cet effroi. Elle doit savoir. S’empresse alors, pas rapide et militaire. Dans toute sa splendeur, silhouette rythmée par la démarche au bureau du collègue fraîchement débarquée mais à l’expérience accoutumée. Temps ennemi, n’a jamais pu s’entretenir convenablement avec lui depuis le début de sa prise de fonction dans le corps enseignant. Trop occupée, si ce n’est pas lui, c’est elle qui est obnubilée par sa quête de l’impossible. Refusant de courber l’échine devant l’improbabilité; suppliciée de sa faiblesse, éludant implacable destinée.

Public étudiant sortant en trombe de la salle de cours. Faciès exténués de leur dernière heures aux stratagèmes militaires accumulés. Laisse passer l’auditoire aux salutations systématiques des espoirs face à la directrice adjointe. Répond aux civilités par des hochements de tête courtois. Regard affable envers les futures aspirations de leur avenir embrumé de difficultés. Dernières silhouettes s’échappant brusquement lorsque l’Ackerman enfin se pose devant l’embrasure de la porte, crépuscule ombrageant pupilles déterminées malgré la fatigue accumulée. Repère l'enseignant ayant partagé les derniers instants de l'être aimé évaporé. Or lui, le voici réassemblé, intact, souvenirs présents et intégralité de son âme revigorante. Sourire bienveillant lorsque présence est remarquée. Peut-être le voici; les éléments de réponses recherchés personnifiés. Ou sera-t-il seulement une muraille de plus à franchir dans sa quête de l'impossible ? « You seem to be getting used to it. » Évocation éloquente de son nouveau statut d’enseignant. L’expérience en armature nécessaire à l’éducation d’un programme minutieux et militaire. « I hope I’m not interrupting. I would have liked to talk to you. But we’re so busy all the time. » S’approche scrupuleusement en pas résonnants. Traqueuse ne quittant sa proie des yeux, mains jointes en majesté. Refuse de remarquer les traits tirés du survivant. Oblitère les discussions courtoises et poignées de main cordiales partagées dans leur quotidien dégueulant de mondanité. Maintien d’une droiture impériale malgré les pensées virevoltantes en hargneuse amertume. Solennité rythmée en brusque gravité d’un prélude à un discours cérémonieux presque angoissant par ses pupilles dilatées d’une féroce et impatience dissimulée. « I thought that the end of your class would be the best time. » Innocence viciée du demi-sourire rehaussée. Le sait suffisamment intelligent pour comprendre sa venue inopinée sans qu’elle se soit auparavant annoncée. Utilise son étiquette de vice-directrice comme poids démesuré dans la balance de sa justice biaisée. Jambes s’arrêtant en colonnes impériales relevée d’une assurance proverbiale. « How are you ? » since you're back, sous-entendu mutique malgré l’évidence du verbe prononcé. Cocktail abrasif de réelle sympathie noyée par l’émulation d’une jalousie abjecte dissimulée dans un sublime paraître étincelant de complaisance.

@marek vogelsang
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