Ambiance poisseuse et atmosphère étouffante enlaidit chambranle d’la vieille épave, taverne sans fards empeste l’hydromel et abrite lie de marins - tous s’y traînent et s’oublient, équipage maudit cherchant vain réconfort, fait tinter solarions contre ivresse, luxure ou informations. C’est pour celles-là qu’elle y traîne sa carcasse, damnée parmi les perdus, humidité fait crisser l’cuir sur peau de glace quand elle enfonce la porte vers ses propres enfers.
Banshee a traqué quelque mauvais payeur, lui a fait cracher ses solarions et vient collecter sa récompense - rumeurs d’une sirène vorace ont interrompu errance frustrée et exigé sa présence sonnante, mâchoires crispées la bête obéit une fois encore, lèchent babines au-détour d’la fantaisie creusant l’estomac.

Regards curieux se lèvent sur son passage, mais mirettes retrouvent vite le confort d’la chopine en reconnaissant les reflets argentés d’la crinière de morte. Espèrent qu’elle n’a rien remarqué, s’inquiètent d’leur sort ; haut les cœurs ! Prédateur s’attarde guère sur les moucherons. Avise d’une œillade carmine une table isolée, et visse séant sur banquette offrant la meilleure vue sur spectacle d’désespoir. Mauvaise flaire banc de tritons agglutinés dans l’fond et ravale bile de violence qui lui coule dans la gorge, perd vite l’compte du nombre d’humains amassés là, espèce misérable n’brillant que d’la mollesse de sa carne. Poignée d’krakens s’confondent avec les ombres, naviguent au milieu des autres en s’excusant d’exister mais s’paient le luxe de lorgner plus longtemps dans sa direction - reconnaissent p’t’être une part d’abysse dans l’fond des yeux de celle qui oublie. Soupir brûle la gorge éternellement sèche, ongles marquent le bois sale au rythme de son impatience quand léthé remarque silhouette d’airain inclinée à son intention. Contours du colosse léchés par la flamme des bougies lui inspirent vague méfiance et pointe de curiosité morbide, condamnée ignore encore qu’elle s'abîme irrémédiablement à défier cette bête-là.

“Ma’am, for your trouble.” voix fluette l’arrache à son festin, bout d’sylphe à la peau laiteuse ne peut s’empêcher d’la dévisager de ses yeux ronds - mi-terrifiée, mi-dévorée par un intérêt naïf. ‘L’a poussé devant elle une chope de ce qui s’boit l’mieux dans le coin, ignorant, comme son commanditaire, qu’une banshee n’a pas besoin de s’enivrer pour mourir. Banshee s’moque des ignares en mauvaise conscience, elle qui sait rien d’autre qu’céder à des instincts étrangers. Fait grâce à la belle d’une de ses remarques acides et d’un geste négligent, l’envoie trouver meilleure attraction. “Tell him t’cut the crap and give me what I want, ‘don’t have all day.” pauvresse frémit, s’attendait pas à cette voix qui étreint et noie, manteau d’illusions couvrant sauvagerie latente. R’trouve quand même ses jambes pour décamper, assez vite pour arracher faible risette carnassière à banshee manquant de distractions. Elle en a pas oublié l’épais titan, qui paraît pas s’être lassé non plus d’ses restes de charme. Drôle de bestiau qui vient titiller la mort - mais celui-là sent pas la peur, goûte un poison familier. “What d’you want kraken?” pas d’souvenirs d’en avoir offensé un récemment, mais impossible de s’fier à mémoire cotonneuse. L’échine lovée, même assise chasseresse toise étranger et cherche réponse qu’amnésie ne peut offrir.

@roy howler
[crédit; olympia, non uccidere, ellaenys - quote george r.r. martin]

Krakens des ombres portent maux du monde sur l’dos, veines salées bouffies d’terreur, gardent tête basse en toute circonstance, exceptions d’quelques spécimens gorgés d’folie - ceux-là s’attirent parfois œillade curieuse d’la morte, réminiscence qui s’ignore de maisonnée saturée de vie. Ici-bas dans triste tanière, martyre déchire derme d’la bête, regard dit long sur mystères enfouies et banshee contemple sans comprendre - perçoit sans ressentir - goûte sans deviner. La voix d’outre-tombe craque dans l’air, chargée d’sens et d’mille énigmes, gratte surface d’une tombe décade ; décadence d’corps, d’esprits, de deux pauvres âmes qu’on oublie. “mh, but very few keep staring back” sombre femme lape plaie suintante, considère, soupèse, râle traverse gorge sèche et doigts gelés frôlent par habitude - d’une lointaine existence saupoudrée d’poussières - bords du verre que babines ne touchent. “makes me think you’re up to no good.” Corps s’rapproche et charogne se tend par réflexe, darde prunelles de sang sur pattes trop larges - redoute, attend, violence-amour qui n’vient pas.

« Believe it or not, I've been lookin' for you for som'time now. And I found you. » L’ogre échappe chanson oubliée, des lunes qu’la sérénade ne lui a pas été susurrée. Comme frères et sœurs, vieille banshee a rencontré dizaines d’parents d’poussières, amis d’antan fardés d’souvenirs échafaudés, gamins jurant s’être accrochés à ses jupes - sales bouches dégoulinant d’poison et mensonges pour s’accaparer services gracieux d’âmes errantes. Restes d’mary tout juste sortie des eaux a mordu une fois dans l’songe confortable - jamais plus. Palpitant s’irrite d’ces mensonges vulgaires, s’lamente parfois - quand l’esprit repu d’créatures décimées accorde once de repos - s’lamente oui, de ne pas être reconnue. Sentiments troubles débordent raison, et celle qui a vécu meurt un peu plus dans l’abîme intérieur.
“How lucky you are,” plante crocs, “after so long, bumpin’ into each other ‘must feel surreal.” goût amer l'abîme, chimère cherche sa déroute et secoue proie sans respirer. “What are you kraken? A dear friend, witness o’ my gory death? a distant cousin who cared so much abo’t me, or maybe, my favorite, ‘am a lover you can’t forget?” banshee ignoble arrache chair, tendons, tout c’que sa gueule peut saisir et n’laisse rien qu’les os, habituée au carnage des mots qui précèdent celui de sang. Pas l’temps pour cette distraction toxique, sirènes continuent d’nager, alors chasseuse rompt tirade d’une dernière secousse. “Don’t bother, and I will not snap t’is neck of yours.” Désigne du chef viande qu’elle devine tendre, là sous boucles sombres, où odeur aimée s’agrippe - pensées parasites un instant familières lui font entrouvrir lippes écorchées, cœur pulse un coup trop fort et la ruine tâche d’tristesse, une seconde fragile, l’œil colère.

_______________________i can’t remember
___________i can’t remember
i  c a n ’ t  remember



Dents claquent derechef, et épouse écartelée grogne pour éloigner l’malin. “You found no one, ‘cause there’s nothin’ to recover.” get lost

i can’t remember

@roy howler
[crédit; olympia, non uccidere, ellaenys - quote george r.r. martin]