Déambule le spectre de l’échine noire, souhait de remèdes miracles pour son esprit devenu malsain. Encéphale traître à son âme impossible à apaiser, ne peut plus se réduire à quémander service à la sorcière de ces terres sans plonger dans les méandres de ses abysses mortifères. Mais mémoire défaillante lui a fait grâce d’un souvenir apaisé, nouvelle piste pour peut-être une nouvelle thérapie à ses maux infernaux; faire appel au don de la progéniture du couple qui fut jadis parmi ses rares compagnons de vie. Les Farrow comme nord de sa boussole fragmentée, pour une issue à ses troubles fatalistes. Souvenir de leur aînée à la douceur invétérée, Erin, une guérisseuse en devenir pour les humains à la santé fébrile et à la peau labile. Le kraken qu’il est n’était pas mieux lotit depuis son retour inopiné. Épaules d’acier s’effritant davantage à chaque lune qui passe, l’ossature anémiée de toute forme de vitalité. Un remède était nécessaire pour une paix devenue inespérée. Que ne donnerait-il pas pour ne serait que l’once d’une nuit sans cauchemars diffamés ?

Carcasse s’échoue enfin sur le parvis de la dent de requin. Porte battante le séparant de l’atmosphère dont il s’imprègne dans un instant où sa mémoire l'électrocute d’un choc mémoriel imprévu. S’arrête une seconde d’éternité, balayant lentement la salle du regard où s’affairent clientèle bougon et d’autres fermement enfiévrés de liqueur endiablée. Emotion cutanée lui hérisse l’épiderme de tremblement doux-amer. Les sons, les odeurs, l'aura émanant des murs et des âmes en ces lieux l'attaquent dans une intimité qu'il pensait avoir oublié. La réalité le rattrape alors, s'apercevant du passage bloqué par sa massiveté qui ne tarde pas à faire grogner les habitants venus se sustenter. Excuses marmonnées avant de s’engouffrer dans l’espace empli de vie. Ermite en proie aux parasites sonores l’envahissant d’un trop plein d’émotion le saisissant au poitrail l’enserrant d’ébranlement. Longeant les murs jusqu’à tablée reculée duquel il s’assoit en chevalier solitaire d’apparence sereine mais à l'esprit bouillonnant par cette privauté. Sentinelle aime avoir vue d’ensemble, repérant les traits d’une humanité exténuée côtoyant les dangers de la mer périlleuse et des vents fougueux. Cependant, constat attristé de sa décennie à être oublié. Où sont les compagnons d’autrefois aux rires chaleureux et aux sourires radieux ? Choc des générations le vieillissant à chaque instant où ses pupilles enneigées creusent les traits de ces nouveaux visages juvéniles côtoyant les anciens impassibles ayant été frappé par la dureté de plusieurs vies.

Serveuse passant sur le chemin de sa contemplation méditative attire l’attention du gardien de phare à plusieurs reprises. Se permet sollicitation d’un geste de la main et en capturant son regard à l’étrange familiarité perçue. « Sorry miss, I’m looking for the Farrow’s couple. Are they still around ? » Echange de pupilles cadenassées se retrouve graduellement fragmenté. Visage juvénile s’étant métamorphosé en jeune femme mature ravivant des stigmates supposément perdus dans son subconscient troublé d’incertitude. Yeux écarquillés de stupeur, patronyme se débloque et murmure dans une sorte de torpeur; « Nell… ? » Une des filles du couple recherché se tenant debout en vestige de sa mémoire bouleversée. Front trahissant l’émotion l’accablant d’inclination oubliée pour les enfants qui furent compagnons de jeu de sa fille aux fous rires extatiques. « I’m so glad I found you. » Et de ses lèvres, laisse s’enfuir soulagement provoqué en un rire larmoyant d’émoi débordant. Souvenirs libérés provoquant chaleur le ressourçant d'amabilité.

@Nell Farrow
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