| Khai Harada 七転び八起き faceclaim & © : anna sawai @sam (lux).
nature : (( humanité )) — ichor rouille laissé i n t a c t aux artères, héritage des pères et d'un monde perdu.
saisons : (( vingt-six )) — pâle jeunesse qui se fait d é s i l l u s i o n à l'arôme d'amer, des rêves fracassés en fragments impies.
myocarde : (( libérée )) — chaînes b r i s é e s, l'acier au doigt tombé en poussière avec les promesses évaporées dans le vent ; ne reste qu'éros épris d'ève comme d'adam, et toujours l'o c é a n.
besogne : (( navy )) — l'héritage prison, un interdit au goût amer, au goût d'aventure, pourtant ; pléiade sur le nebula, l'uniforme du frère aux épaules.
errance : (( grand bleu )) — rendue à l'horizon, le monde à portée de doigts, môme de lawfort perdue sur les vagues alors que vogue navire.
and finding answers is forgetting all of the questions we call home shatteredelle se perd dans la foule, la môme ; n'est qu'une parmi des dizaines, semblent millions. un faciès sans visage, comme ils le sont tous, ne sont jamais personne. terre n'a plus rien de familier, n'a plus que des relents de menace ; et ce goût âcre laissé sur les lèvres, de ne plus vraiment de sentir chez soi, de ne plus vraiment se sentir s o i. la cité ne lui est que trop étrangère, qu'un nom sur une carte -- et pourtant, elle ne lui évoque que trop racines, souvenir de l'enfance perdue et des jeux lointains ; de ces villes qui ressemblent à mille autres, fracasse endocarde de l'évidence qu'elle n'est pas à sa place. et le fatum est cruel, l'ironie dégueulasse -- parce que mare nostrum a quelque chose d'un giron familier, désormais, qu'à son étreinte, tout est simple ; et que c'est sur terre nourricière, qu'elle n'est qu'étrangère, n'est qu'intruse, môme sans appuis ni repères. il est devenu aisé, le masque, sur l'anonymat des vagues -- le faciès d'un autre, le nom d'un autre ; joues rosies des embruns, au moins est-elle quelqu'un. parmi eux tous, dès lors que pas frappent terre ferme, n'est plus p e r s o n n e, n'est plus que fantôme, un spectre d'avant, une demi-vie qui ne vaut plus rien. spleen grimpe à la gorge, la suffoque presque ; jamais plus s o l i t a i r e que parmi la foule anonyme, jamais plus déracinée. mais boussole ne connaît plus de nord véritable -- n'aspire qu'à rentrer, ne sait plus où est foyer, ne sait plus où s'échouer. un cratère sous le sein, l'empreinte d'un vide qui dévore tout le reste, engourdie de l'absence ; et brutalement, elle voudrait qu'ils lèvent l'ancre, les frères d'armes, qu'ils s'enfuient vers l'océan et un ailleurs où il est plus facile d'oublier. ce n'est plus qu'affaire d'heures, désormais -- une parenthèse vers un sol où elle tangue presque, le pied déséquilibré sans les remous ; qu'une évadée dans un port comme ils en ont tant visités, comme elle en a tant arpentés dans l'espoir d'une lettre. mais frère a disparu, n'a rien laissé ; qu'importe, qu'elle cherche à se répéter, dans la ferme foi que c'était pour le mieux. il n'y aurait pas de retour en arrière ; et qu'importe le chagrin et le manque, môme ne se laisserait de regrets. valait mieux que ça, parce qu'il lui avait enseigné mieux que ça. alors elle se détache de la foule égarée, se tient en retrait, surplombe océan familier, et clôt paupières pour s'abandonner à l'étreinte du soleil qui sombre lentement. une inspiration, une expiration ; et temps ralentit quelque peu, quelque chose d'une vague paix venue couler aux artères en chacun des battement du cœur. et lorsque ne demeure plus que le calme, elle rouvre les yeux, la môme, se détourne d'océan pour mieux le rejoindre. et se fige, parce qu'il est là, ne devrait pas être là -- faciès connu, faciès aimé, parmi tous les étrangers aux visages flous. voudrait bouger, voudrait fuir, ne le peut pas, ne le peut plus ; il n'y a que lui, et le flot des souvenirs, des sentiments gardés enfouis pour ne pas s'y n o y e r. la caresse du feu dans la cheminée, l'odeur de l'encre sur le papier, le ténor apaisant de sa voix, le parfum du thé et celui de la pluie sur les jasmins en fleurs. 'otou-sama.' les syllabes qui s'échappent en murmure qu'il n'entend probablement pas, dérobées par le vent marin, évadées en réflexe. father. voudrait courir dans sa direction, voudrait l'étreindre, ne le peut pas, ne le peut plus ; parce qu'elle n'est plus que traîtresse, une balafre à leur nom. ne le mérite plus. alors elle ne bouge pas, la môme, la tétanie frappée aux muscles, alors qu'elle se gorge, avide, des traits familiers, comme pour les sceller à jamais à la mémoire -- parce qu'elle avait cru, avait espéré ne jamais le revoir ; parce qu'elle ne le reverrait probablement jamais. et dans un moment d'égarement, elle se demande ce qu'il voit, le père -- de la chemise de coton blanc, au fuseau et bottines mouchetés de boue, aux cheveux à peine retenus d'un lien de cuir, aux paumes rugueuses de l'embrasse des cordages. un pâle reflet d'avant, elle aussi -- une étrangère. se demande ce qu'il penserait, s'il savait. s'il pardonnerait. mais il ne devait pas savoir -- ne devrait jamais savoir. ne restait alors que la fuite, encore ; mais elle ne bouge pas, gamine, ne peut pas bouger. ne peut qu'observer le père, pour quelques instants à dérober, bouffée d'affection, bouffée d'angoisse -- parce qu'il ne pardonnerait pas.
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